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Femme Arabe et élections : Un nouveau combat

Le réseau arabe se veut une réponse concrète à la faible participation des femmes aux processus électoraux de leurs pays respectifs. Qu’elles soient électrices, candidates ou observatrices

Le Réseau arabe de la femme dans les élections a été lancé hier à Tunis. C’est un événement organisé à la veille d’un rendez-vous électoral national important, comme peuvent l’être les élections législatives de 2019. La Tunisie a été choisie comme pays hôte pour abriter ces assises inaugurales. C’est un événement en soi. Une reconnaissance peut-être !
La plateforme est mise en œuvre conjointement par le Programme des Nations unies pour le développement en Tunisie, (Pnud), l’Institut international pour la démocratie et l’assistance électorale, (Idea), l’Instance tunisienne des élections, (Isie), et, notamment, l’Arab EMBs, l’Organisation arabe des instances électorales. Le poids des partenaires traduit à lui seul l’importance accordée à la mise en œuvre de cette structure d’échange et de coordination qui intègre dans son essence même une portée régionale.
Mme Naziha Laâbidi, ministre de la Femme, est à la tête des personnalités présentes avec M. Khaled El Khalada, président de l’Organisation arabe des instances électorales. M. Nabil Baffoun, président de l’Isie, siégeait également à la tribune avec à ses côtés Mme Sarra Paule du Pnud et Mme Isabelle Ericsson, représentante de l’ambassade de Suède.

Promouvoir des stratégies inclusives
Mme Naziha Laâbidi a mis en avant l’expérience tunisienne, pionnière en la matière. En citant au passage plusieurs femmes marquantes de l’histoire du pays. Une démarche globale, a fait valoir la ministre, incluant à la fois le processus démocratique parallèlement à l’implication de la femme tunisienne dans la vie politique.
A l’entame de la cérémonie, les personnalités se sont relayées au pupitre pour mettre en avant les mérites d’un tel réseau qui a pour principale mission la promotion de la femme arabe dans les processus électoraux par l’intermédiaire de stratégies inclusives. Plusieurs appels ont été lancés pour l’application d’initiatives de discrimination positive, tel le système de quotas, en faveur des femmes qui se lancent en politique. Les personnalités présentes ont précisé unanimement qu’aucune démocratie ni la moindre avancée ni encore moins la mise en œuvre d’une paix durable ne sont envisageables sans la participation active des femmes. A l’issue de la séance inaugurale, des panels ont été organisés engageant un large spectre de la société civile tunisienne et arabe, ainsi que des représentants de structures officielles impliquées dans la mise en œuvre du réseau.

Renforcer la présence féminine dans les postes décisionnels
M. Charif Alaa, représentant d’Idea, directeur du bureau de Tunis, a été interviewé par La Presse. Il nous explique, à ce titre, que le réseau arabe s’est voulu une réponse concrète à la faible participation des femmes dans les processus électoraux de leurs pays respectifs. Qu’elles soient électrices, candidates ou observatrices, elles restent minoritaires parfois carrément absentes. Le taux de représentativité de la femme arabe vient en bas de l’échelle de ceux répertoriés dans le monde. Il se situe à 19%. De ce fait, il faut prendre les dispositions nécessaires pour renforcer la présence féminine dans le champ politique et dans les postes décisionnels. «Dans le monde arabe, il faut le reconnaître, la sous-représentation des femmes est évidente».
Le réseau, qui est à la fois une tribune et une plateforme d’échanges d’études et de données, a impliqué des acteurs associatifs, des ONG, des juristes, des parlementaires et des instances officielles. En un mot, ceux qui sont épris du principe de l’égalité homme-femme, ainsi que ceux qui veulent agir pour conforter la place de la femme dans la vie publique et politique à travers les textes juridiques, entre autres, soutient M. Alaa
Parmi les différentes missions de cette nouvelle instance, aplanir les obstacles, qu’ils soient d’ordre législatif, culturel, sociétal qui s’érigent devant la femme et bloquent assez souvent la moindre initiative. «La femme a longtemps souffert de la marginalisation et de la violence exercée à son encontre. Notre mission, insiste notre interlocuteur, est d’appeler à l’application de politiques de discrimination positive en sa faveur». La Tunisie fait partie des pays dans la région où le taux de représentativité est relativement élevé. Cela s’explique par l’avancée notoire des textes législatifs, dont la mise en place de quotas en faveur des femmes dans les listes électorales. D’ailleurs, fait remarquer M. Alaa, si le système de quotas n’est pas appliqué automatiquement le pourcentage des femmes têtes de liste baisse de moitié.
Hasna Ben Slimane, membre de l’Isie, fraîchement élue représentante de la Tunisie au sein de ce réseau, précise, pour sa part, que «la coordination entre les instances électorales des pays partenaires est très enrichissante. Celle-ci permet de soutenir les femmes à s’imposer à travers les différentes étapes électorales et dans le champ politique en général. » Un réseau qui favorisera, espérons-le, des carrières féminines longtemps marginalisées.

Vidéo: ©Belhassen Lassoued

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